La Faim de l'Histoire, une Histoire du Monde par la gastronomie !

Manger avec Jésus et les Apôtres, manger au festival de Woodstock, dans les plantations de coton au temps de Scarlett O’Hara ou chez les Aztèques à Mexico à l’arrivée des conquistadors… : c’est toute l’histoire du monde qui défile dans notre assiette avec cet album aussi drôle que savant.

Qu’on soit dans les tranchées en 1914-1918 ou à Pompéi, dans l’Espagne du Siècle d’Or ou avec les Vikings, rien n’est aussi révélateur de notre Histoire que ce que l’on mange dans un lieu et à une époque donnés… Ce prisme de la gastronomie permet d’aborder avec un point de vue extraordinaire la destinée de nos ancêtres, leurs pensées, leurs passions. Des périodes les plus tragiques aux siècles les plus glorieux, ce que l’on trouve sur la table de chacun raconte mieux que quiconque l’aventure de l’humanité !

Lire les premières pages de La Faim de l'Histoire

Conçue comme un dialogue entre les pages de bande dessinée de Jul et les récits d’Aïtor Alfonso – à la manière de La Planète des sages, dans laquelle la philosophie de Charles Pépin se déployait en regard des gags du dessinateur –, La Faim de l’Histoire est une plongée historique où le lecteur s’invite à la table des siècles…

La malice des auteurs, la profondeur de la documentation et les anecdotes stupéfiantes que l’on découvre d’époque en époque font de ce livre une fantastique et phénoménale épopée. Alors, montez à bord de notre machine à « remâcher le temps » et feuilletez ci-dessous les premières pages, avant de lire ci-après l'interview des deux auteurs.

Interview des auteurs : Jul et Aïtor Alfonso

Comment est né cet album ?

Rita Scaglia

Jul : J’ai reçu un appel d’Aïtor, que je ne connaissais pas, et alors que je m’apprêtais à décliner poliment toute proposition, j’ai été en quelques minutes emballé par son idée. Imaginer une fresque de l’Histoire mondiale avec ce postulat de « Manger à… » était à la fois si évident et si enthousiasmant !

Aïtor Alfonso : C’est une idée datant du confinement. J’ai commencé à rêvasser à ce qu’on pouvait bien manger à Woodstock pendant le festival… et, au bout de quelques lectures, j’ai découvert un univers entier ! C’était le début de quelques articles retentissants publiés en marge de mon travail de critique gastronomique, et qui m’ont donné envie d’écrire ce livre… Et pour que ce soit drôle et léger, j’ai immédiatement pensé au travail de Jul !

Comment fonctionne votre duo ?

Aïtor : Dès le début, nous avons dressé une liste de thèmes afin d’évoquer toutes les périodes et tous les continents. Depuis la grotte de Lascaux jusqu’à la Station spatiale internationale, il y avait une infinité de choix pour raconter cette aventure de la gastronomie… Mais il fallait surtout puiser dans des sources fiables et variées, et surtout pour ma part ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre !

Jul : Je suis parti en général des textes d’Aïtor, qui sont une mine d’inspiration, et j’ai adoré plonger dans ces univers graphiques disparates… En bon fidèle de la série Il était une fois l’Homme, qui a bercé mon enfance, la perspective de dessiner des pharaons et des chevaliers, des fascistes italiens ou des samouraïs japonais a été une vraie jubilation. Et puis les anecdotes d’Aïtor sont vraiment hallucinantes ! Pour moi, c’était la meilleure façon de marier deux immenses passions françaises : l’histoire et la gastronomie…

Aïtor : Et puis on fait toutes nos réunions de travail au restaurant, alors forcément, ça sonne juste !

C'est un album foisonnant et roboratif, qui paraît en effet une évidence, et pourtant il ne semble pas qu'il ait existé quelque chose de semblable auparavant ?

Jul : C’est presque étonnant. Des bandes dessinées en cuisine avec des chefs, des histoires de tel ou tel aliment, des livres de recettes, il y en a eu plein, mais notre trilogie est vraiment très nouvelle… Également par le ton du livre : à la fois ultra-instructif et marrant… Imaginez le chaînon manquant entre les essais historiques de Patrick Boucheron et le Lorànt Deutsch de Métronome : un mélange de rigueur historique scrupuleuse et de gaieté de ton entraînante qui permet de s’adresser à vraiment tous les lecteurs…

 Aïtor : Il fallait qu’on retrouve le plaisir qu’on éprouve autour d’une table avec des amis dans la lecture de cet album… Et puis je trouve émouvant le lien que la nourriture crée entre nous et les humains qui nous ont précédés, par-delà les siècles : qui aurait imaginé que la « cuisine moléculaire » à la mode il y a dix ans avait été inventée dans l’Italie de Mussolini ?

Jul : J’aime beaucoup l’humanité que l’on retrouve dans ces histoires de cuisine : la passion de Fidel Castro pour les produits laitiers ou de Mao pour les mangues, ces fresques de pizzas retrouvées sur les murs de Pompéi ou l’idée que les apôtres autour de Jésus puissent préfigurer les végans d’aujourd’hui… C’est à la fois le plus petit dénominateur commun de notre espèce, et là où s’est exprimée la plus grande imagination de chaque civilisation !

Aïtor : Et pour les lecteurs, c’est comme pour un repas : certains voudront picorer de chapitre en chapitre, tandis que les plus gourmands iront tout avaler d’un coup ! J’aime beaucoup cette liberté…

Jul : Et comme il se fait tard et que ça fait longtemps que je ne l’ai pas fait, j’aimerais citer l’un des plus grands critiques gastronomiques de la bande dessinée : Averell Dalton…

Aïtor : « Quand est-ce qu’on mange ? »… Oui, je sais !

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Bonne dégustation !