Interview d'Ana Miralles

Par l'équipe Dargaud

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On croyait la dessinatrice espagnole Ana Mirallès monopolisée par la série à succès Djinn et voilà que paraît, le 4 juillet, ce one-shot scénarisé par Emilio Ruiz !

 Mano en mano est un véritable conte social qui retrace, avec humour et réalisme, la "vie" d'un billet de 20 euros dans l'Espagne d'aujourd'hui.


 Ana Mirallès nous parle de cet album insolite et partage avec nous sa vision du monde...


Comment est née l’idée de Mano en mano ?



 Mano en mano part d’un récit qu’Emilio avait écrit. L’histoire m’a semblé très séduisante et m’a tellement plu qu’on a parlé d’en faire un scénario de BD… J’ai tout de suite vu les scènes défilées devant mes yeux, le rythme de l’histoire et les possibilités graphiques.


Qu’est-ce qui vous plaît plus particulièrement dans le style d’écriture d’Emilio Ruiz, avec qui vous avez également signé A la recherche de la licorne ?



 Il y a deux raisons principales pour lesquelles j’aime travailler avec Emilio. La première est que nous nous intéressons aux mêmes types d’histoire et avons la même façon d’appréhender les thèmes à traiter. Il est très important de pouvoir en parler ensemble, car ainsi j'arrive à m'approprier l’histoire, je la sens proche de moi.

 La seconde raison est qu’Emilio me semble un écrivain très original, les dialogues sont ingénieux, il s’éloigne des lieux communs, des phrases mille fois répétées. Sa mise en scène et sa présentation des personnages me plaisent car il cherche toujours la proximité, la complicité avec le lecteur.


Il y a beaucoup de tendresse pour les différents personnages que l’on croise dans cet album et dont on découvre une tranche de vie… De quelle histoire vous sentez-vous le plus proche ? Laquelle vous touche le plus ?



 Je crois qu’il est inévitable que les auteurs soient "présents" un peu dans tous leurs personnages, mais ça ne veut pas dire que nous les aimons tous… J’ai un attachement spécial pour l’oncle Bartual, car je suis d’accord avec beaucoup de choses qu’il dit, ce personnage a un caractère fort, réaliste et combatif. Malgré sa façon de vivre et son métier (NDLR : joueur de Bonto), nous avons voulu lui donner une sorte de dignité, de cohérence, de résistance. C’est une façon de vivre et de voir les choses qui disparaissent.

 Le discours que je préfère est celui du père qui fait l’aumône aux portes de l’église. Voilà un autre personnage cohérent avec sa situation, très "professionnel" dans son attitude.


Mano en mano parle de notre rapport à l’argent. Sur ce thème, qu’est-ce qui peut vous choquer aujourd’hui dans notre société ?



 Nous avons choisi un éventail de personnages pour lesquels 20 euros représentent quelque chose d’important.

 Le rapport de notre société à l’argent est l’adoration absolue. Les intérêts particuliers priment sur l’intérêt commun : on n’hésite pas à dénaturer nos côtes pour construire des appartements, à inonder des vallées pour produire et vendre de l’électricité. Et il semble que tout le monde soit d’accord. Avoir de l’argent aujourd’hui donne plus de prestige que la sagesse, l’honnêteté, le sens commun.

 Le plus étonnant pour moi est la rapidité des changements de notre société. La ville, les rues de notre enfance ont disparu, dévorées par un modèle de société qui se répète partout dans le monde, qui unifie et transforme tout au seul bénéfice des grandes entreprises. Comme dans l’agriculture, les espèces au plus fort rendement sont massivement cultivées, et ça détruit la variété, la richesse et le patrimoine de la nature.

 Les grandes surfaces ont changé les villes et les rapports entre les citoyens, leur façon de vivre. J’aime me promener dans les vieux quartiers des villes, souvent morose, et y trouver un petit magasin spécialisé qui réussit à survivre. J’aime les marchés, j’y retrouve la vie bouillonnante de la cité.


Le 4 juillet, jour de la sortie de Mano en mano, paraît l'intégrale d’A la recherche de la licorne, autre collaboration avec Emilio Ruiz. D’un côté un album réaliste et humoristique, de l’autre une épopée historique aux accents fantastiques. Avez-vous une préférence pour un univers en particulier ?



 Pas spécialement. Le scénario change, mais je crois que les histoires ont pour but de nous permettre de parler de tout ce qui nous intéresse. J’essaye toujours de faire des portraits de personnages qui nous deviennent proches, que l’on puisse s’identifier à eux.

 Même dans un contexte « fantastique », comme dans A la recherche de la licorne, les personnages réagissent de manière réaliste face aux circonstances.

 Je propose aux lecteurs de faire un voyage dans la peau d’un personnage, et j’aime que ce héros soit crédible, psychologiquement bien construit. C’est ça mon univers…


Avez-vous d’autres projets en cours ? Pouvez-vous nous en dire deux mots ?



 En ce moment je suis plongée dans l’univers Djinn, et cela me prend tout mon temps… Mais bien sûr qu’il y aura d’autres projets !...


Delphine Bonardi

www.dargaud.com

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