Yoann et Omond, la preuve par deux

Par l'équipe Dargaud

Yoann et Eric Omond sortiront, le 26 août, le troisième album de La Voleuse du père fauteuil, apportant ainsi ainsi la touche finale à cette série imaginée dans un esprit qui évoque les feuilletonistes du début du siècle dernier. Servi par un scénario truculent de Omond, Yoann se lâche graphiquement en proposant un album au charme évident. Pas de doute, ces deux-là ont des choses à se dire !


Questions de Yoann à Eric





Dans La voleuse, tu as développé une forme de narration inhabituelle, peux tu nous en parler et quels en sont les enseignements que tu en as retiré ?


Les dessinateurs ont une sale manie, celle de vouloir faire des belles images. résultat quand je fais plus de 8 cases par page, ils rouspètent. ça faisait un moment que je refléchissais au déficit narratif qu'avait été le lent mais certain passage du 4 bandes au trois bandes, c'est comme ça que j'en suis arrivé a mon histoire de trois cases. L'historien d'art Wolflin avait très bien décrit le phénomène de lecture linéaire de l'image, là j'ai pu m'en donner à coeur joie sur le raport temps-espace. Chaqu'un ses obsessions. Il y a plein de trucs a garder de cette expérience et je ne compte pas en rester là...





La fin du troisième volume, reste une fin ouverte, quelles auraient été les perspectives d'une suite éventuelles ?


Ça fait un moment que j'envisage de faire une héroïne mère de famille. J'aime bien aussi les récits de guerre. Donc cela m'aurait bien tenté de faire les deux dans le même album, genre: " pouvez vous me tenir le bébé, j'ai un char à faire exploser ?".





Nous avons fait une bonne dizaine d'albums ensemble, tous genres confondus, ainsi que de multiples collaborations, souvent avec de jeunes auteurs. Envisages-tu toujours le métier de scénariste de la même manière ?


J'ai toujours penser mon boulot comme une prise de risque, j'aime que cela soit précaire et casse gueule. Jusqu'à présent cela l'était surtout artistiquement, avec le durcicement éditorial cela devient une bataille de survie sociale. Plus j'avance plus je trouve ça dangereux et précaire...





La couleur dans La Voleuse est un élément "acteur" à part entière, peux-tu nous parler de ta collaboration avec Hubert ?


C'est vrai que je suis pas toujours facile à suivre. Mais Hubert est un garçon très sensible qui arrive à tirer quelque chose d'une indication du genre: "couleur crailleuse et lourde comme une vache morte". En plus comme la naration joue énormément sur le sens de lecture, je l'ai obligé à être très strict sur les orientations de lumière. J'avoue, je suis chiant...





La série se clos à la veille de voter oui ou non à une constitution européenne, cette série reflète-t'elle tes angoisses politiques ?


Au contraire, l'homme étant foncièrement mauvais, la politique et la culture sont quand même son seul salut. Dans le tome 2, j'ai repris une phrase anarchiste; "Remplaçons le politique par l'économique", aujourd'hui le discours social est complètement inversé mais le but est le même, c'est troublant. La politique nous a permis, après des sciècles de combat, de pouvoir nous considérer comme des individus. Il serait dommage que par un trop plein d'individualité nous puissions oublier le politique.





Questions de Eric à Yoann





Dessiner 3 cases par page (maximum), ça fait quoi ?!


Je les envisage comme un espace théâtral, avec une unité de lieu, des décors un éclairage... Si la mise en scène, que tu fais, n'était pas si impeccablement réglée, ça pourrait ressembler à des illustrations mises pêle-mêle, et le résultat pourrait être catastrophique! Mais il n'en est rien, et l'expérience de narration graphique qu'est La Voleuse, est originale et fonctionne dans une optique plus "littéraire" que séquentielle.





Toi qui fait de jolies couleurs tout seul comme un grand, qu'est ce que tu penses d'avoir un coloriste ?


C'est très reposant de pouvoir se reposer sur quelqu'un de confiance comme Hubert qui est à la fois un plasticien/auteur, donc avec un point de vue propre sur la couleur, mais qui reste souple et ouvert à nos indications, très abstraites en ce qui te concerne, et très précises sur certains détails, pour ma part. Il a beaucoup de mérite de nous supporter! 10 ans d'amitié commune font qu'il est pour moi le collaborateur rêvé, et que je peux en toute tranquillité lui confier, dans une communauté d'esprit, mes travaux noir et blanc...





Si notre héroïne, au lieu de s'appeller Arianne Liftier, s'était appellée Paris Hilton, qu'est ce que cela aurait changé pour toi ? On en aurait vendu 200.000 ex ?!


Sur Toto L'Ornitho et Phil Kaos1, j'avais scénarisé sur des personnages que tu avais inventé. Ça change quoi de dessiner des personnages dont tu n'es pas le créateur ? Ça ne marche pas à tous les coups! Il faut qu'il y ait soit un lien affectif à l'enfance (par exemple Bob Marone, ou encore Spirou...), soit un univers, des personnages qui vont entrer en résonnance avec mon propre imaginaire, et c'est le cas de La Voleuse... Je me souviens que tu avais créé ce personnage pour un ami à nous, et déjà, à l'époque sans même en avoir vu d'images, il me faisait frémir! Lorsque Pierre-Henry s'est retiré du projet, et suite à notre rencontre avec Dargaud je t'ai moi-même proposé de reprendre cette série.





Au vu de notre longue colaboration ( merde, déjà15 ans!!) est ce que tu me trouve vraiment sain d'ésprit ?


Non : c'est pour ça qu'on travaille ensemble depuis si longtemps!





1) chez Delcourt

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