Complexe du Chimpanzé

Par l'équipe Dargaud

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Comment est née cette idée de paradoxe temporel ?



 Comme une impulsion soudaine et inexpliquée, l’image s’est imposée à moi (je n’ose dire “révélée”, même s’il s’agit bien ici de mystère). Pourtant, de cette idée spontanée à l’élaboration de l’émotion de ce récit d’aventure et de découverte, il y a eu un long chemin parcouru. Chemin au long duquel j’ai dû construire un écrin pour mes personnages. Ce qui m’a permis de rassembler les sentiments qui me liaient à ces idées de conquête spatiale et de concepts de science-fiction. Depuis l’enfance, ces idées me font rêver, elles gardent pour moi une dimension d’utopie. J’aime l’idée de l’homme (de la femme) se projetant au-delà de lui-même (d’elle-même) jusqu’aux étoiles parfois, et par-delà le temps…



Si on présente Hélène, la protagoniste, comme un faux personnage positif, vous êtes d’accord ?



 Je n’ai jamais vraiment pensé les personnages de mes récits en ces termes, j’essaie plutôt de m’attacher à eux, de les comprendre, et de ressentir leurs émotions, même si je ne les fais pas toujours miennes. J’aime les gens qui doutent, qui partagent leurs brisures, leurs regrets, qui en dernier ressort ne s’embarrassent plus de nous montrer à quel point leur vie est idéale ou correspond aux clichés de réussite de notre temps. J’essaie de faire en sorte que les personnages qui m’accompagnent au cours de ces aventures dessinées leur ressemblent un peu.

Il vous est arrivé de travailler pour l’Agence spatiale européenne : pour faire quoi ?



 J’ai réalisé un album en collaboration avec EADS Astrium et Chris Lamquet. À cette occasion, nous avons travaillé avec des “responsables des espaces habités pour la station spatiale internationale”. L’émulation et le respect mutuels étaient tels que cela fut un grand plaisir. Par la suite, Astrium m’a contacté pour participer à un “think tank” dont le thème était… le voyage vers Mars. J’étais l’intervenant extérieur censé apporter une vision nouvelle aux professionnels de l’espace. Une journée entière, nous avons rêvé ensemble aux possibilités offertes par ce projet. Le responsable des vols habités s’arrachait les cheveux en imaginant les coûts financiers de mes idées irréalistes. Visiblement, la présence humaine sur Mars n’était pas prévue pour les prochaines missions, on lui préférait les robots. Pourtant, à la fin de la journée, certains recommençaient à l’envisager… Je ne suis plus un enfant, je sais aujourd’hui que je ne serai pas le premier homme qui marchera sur Mars mais qui sait, si un Européen marche un jour sur Mars, ce sera peut-être un peu grâce à moi…



Ponzio a une méthode de travail assez particulière : qu’est-ce que cela a impliqué pour le scénariste que vous êtes ?



 Jean-Michel est d’une grande générosité dans la vie comme dans le travail mais en échange, il a besoin que les relations soient cadrées et lisibles. Je crois qu’il aime avoir le temps de s’organiser et que cela lui permet ensuite de se libérer artistiquement. D’habitude, j’aime écrire mes récits au fur et à mesure de l’avancée du dessinateur sur les pages précédentes, cela me permet de m’adapter et d’écrire “pour lui”, en utilisant ses forces et ses faiblesses à mesure que je les découvre. Avec Jean-Michel, j’ai dû procéder autrement, mettre en scène et dialoguer intégralement chaque album, story-board graphique compris, afin qu’il ait tout sous les yeux avant même de commencer. C’est finalement lui qui a dû utiliser mes forces et mes faiblesses…


Le Complexe du chimpanzé est prévu en trois tomes, c’est bien une trilogie qui sera complète et finie au troisième volume ? Que pouvez-vous nous dire des deux albums suivants – sans déflorer le sujet et le suspense ?

Oui, Le Complexe du chimpanzé est bien un cycle qui prend fin avec son troisième opus, et lorsque l’aventure parviendra à son terme, vous comprendrez qu’il ne peut en être autrement. Sans déflorer le mystère du destin de nos personnages, il y sera question d’un voyage lointain, au-delà de leurs rêves et de leurs espoirs. Mais ce genre de voyage d’exception ne se fait jamais sans sacrifice. Ce que l’on révèle en chemin s’accompagne parfois de pertes plus importantes que ce que l’on croyait gagner en découvertes. N’est-ce pas là ce qui fait aussi le charme et la valeur de toutes les grandes aventures humaines ?

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