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Par l'équipe Dargaud

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A l’occasion de la parution de Heavy Liquid (chez Dargaud en octobre), Paul Pope retrace quelques éléments clés de son déjà très riche parcours. Un parcours caractérisé par la plus grande curiosité, au croisement des trois continents de la bande dessinée mondiale : Amérique, Japon, Europe.


Comment résumeriez-vous Heavy Liquid en quelques mots ?

 Une lettre d’amour au rock’n’roll, placée dans une enveloppe de Philip K. Dick, léchée et affranchie par Andy Warhol.


Sept ans après sa parution aux États-Unis, que représente ce livre pour vous ?

 Ç’a été l’essai enthousiaste et enrichissant d’un jeune auteur de bande dessinée, pour raconter une grande histoire de science-fiction, à travers un point de vue “rock’n’roll“. Je voulais raconter une histoire sentimentale qui ne sonne pas comme une histoire sentimentale, et ajouter mon amour pour la bande dessinée japonaise, européenne et américaine.


Dargaud traduira aussi 100% (au printemps 2008), qui a été également publié par DC Comics/Vertigo. Peut-on considérer que ces deux albums marquent une “période“ dans votre travail, sont-ils reliés entre eux, par des thèmes, un style graphique ou des préoccupations personnelles ?

 Oui, en effet. Je vois Heavy Liquid, 100% et Batman Year 100 comme une sorte de “trilogie du futur proche”, avec des thèmes et un lieu plus ou moins proches. Ils se situent tous trois à New York… et mes propres expériences en tant qu’habitant de cette ville les ont nourris. En un sens, Heavy Liquid et 100% représentent bien une “période“ dans mon travail, oui. Les deux sont des projets initialement développés pour la Kodansha au Japon mais que, pour un certain nombre de raisons, j’ai fini par faire pour un éditeur américain. Et aujourd’hui, les voir traduits pour le public français, dans les superbes éditions de Dargaud, c’est fantastique ! Ils constituent véritablement le mélange des trois influences dans mon travail — manga japonais, comics américain, et “l’Euro-BD“.


DC Comics vous a confié récemment l’énorme responsabilité de créer une mini-série Batman, ce n’est pas rien, non ?

 C’était un énorme challenge, oui, qui m’a obligé à évoluer et me développer de bien des manières. J’ai beaucoup appris. Je ne peux pas dire que cela ait toujours été drôle ou facile, mais un “camp d’entraînement“ ne l’est jamais.


Comment vous y êtes-vous mis, concrètement ? Par quoi commence-t-on ?

 J’ai commencé par littéralement lire chaque comic book Batman publié pendant un an et demi (je les reçois par l’éditeur, heureusement, c’était plus facile et économique !) et ensuite, par essayer de trouver de nouvelles approches du personnage, de nouvelles facettes de Batman qui n’auraient pas été explorées auparavant.

 Très souvent, Batman est un personnage joué à la “Sherlock Holmes rencontre Mr Spock“ — il est là, il a l’air effrayant et résoud les crimes en réfléchissant tout seul. J’ai voulu trouvé une approche très “physique“ du personnage, une approche très dynamique et pleine d’action qui insiste sur le “man“ de Batman, le côté faillible, humain. Et donc mon Batman court, saute, fatigue, mange, dort, prend des coups…


Vous avez seulement 37 ans, si je ne m’abuse, et une carrière déjà tellement remplie. Comment tout cela a-t-il débuté ?

 Presque 37 ! Cela a commencé comme tant d’histoires d’auteurs de bande dessinée — un gamin solitaire sans force ni voix particulières, qui prend une feuille de papier et un crayon et se met à rêver de nouveaux mondes et de gens imaginaires qu’il préférerait fréquenter. La bande dessinée est parfaite pour les personnes timides et introverties qui veulent communiquer avec le monde extérieur, mais qui ont beaucoup de réserve et de peurs. Dessiner est magique, ça peut vous rendre plus fort et rendre les autres heureux.


Vous avez dit que vos principales influences en bande dessinée sont Jack Kirby, Daniel Torres, Alex Toth, Pratt, Cadelo et Hergé. Comment avez-vous découvert ces artistes européens ?

 Grâce au magazine Heavy Metal ! C’était une des toutes meilleures sources pour la bande dessinée dans les années 1970 et 1980. Quant à Hergé, on pouvait le trouver à la bibliothèque — tout le monde aime Tintin.


Et aujourd’hui, qui appréciez-vous ?

 J’aime toujours ceux que vous avez cités. Et j’ajouterai Tezuka, Minetaro Mochizuki (mon mangaka favori du moment), Blutch, Winsor McCay, Guido Crepax, Jeff Smith, Christophe Blain, Mézières, Gipi, Carlos Nine, Muñoz, Jim Woodring, Sam Hiti, Frank Quitely, Eduardo Risso…


Mais vous vous êtes aussi réclamé d’influences d’écrivains tels que Bradbury et Burroughs…

 Edgar Rice Burroughs, et pas William Burroughs, oui. Et aussi Philip K. Dick (Le Maître du Haut Château est mon roman de SF préféré), KW Jeter, Howard Waldrop, Frank Herbert, Ursula Le Guin, Jack London…


Vous nous avez dit que Heavy Liquid est une histoire très rock’n’roll, alors qu’en est-il de vos goûts musicaux ?

 J’aime beaucoup de choses. Des groupes comme The Verve, Darker My Love, Black Angels, The Cult, Hawkind, The Drones… les vieux Tangerine Dream.. Beaucoup de jazz, un peu de classique…


Vous venez également de publier un “artbook”, Pulphope, qui rassemble l’essentiel de vos travaux d’illustration. S’agit-il d’une part importante de votre activité ? Je me demande même en fait, si, quand une marque comme Diesel fait appel à vous pour créer des images, cela indiquerait a priori que vous êtes devenu un illustrateur “tendance“, et que peut-être cette activité est moins contraignante ou exigeante que de faire de la bande dessinée ?

 C’est très différent de la bande dessinée. J’aime beaucoup faire ce genre de travail, et c’est aussi une manière de montrer de la bande dessinée à des gens qui pourraient l’envisager seulement comme des gros films hollywoodiens. Et aussi… J’admire la manière dont Guido Crepax a réussi à faire connaître l’image de Valentina en-dehors de la bande dessinée. Il m’inspire beaucoup, je l’aime vraiment…


Quels sont vos plans dans un futur proche ?

 Je fais la décoration d’un magasin Diesel à Hollywood dans trois semaines et peut-être d’un autre à New York cet automne. Je vais faire une tournée de quatre ou cinq villes en Amérique du Nord pour promouvoir Pulphope et quelques trucs médiatiques (TV et presse écrite). Je serai à une conférence sur le design à Amsterdam en septembre, invité par Pixar… Et en dehors de ça, je travaille sur La Bionica et Battling Boy (à paraître chez Dargaud en 2008/2009). J’essaierai aussi de passer du temps avec ma copine et mes amis. New York est une ville incroyable, avec tous ces gens qui passent, il y a toujours quelque chose de passionnant à faire.


Martin Greville

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