Yoann et la voleuse

Par l'équipe Dargaud



Pour son premier album publié chez Dargaud (La Voleuse du Père Fauteuil en compagnie d’Omond), Yoann est rentré de plain-pied dans la collection “Poisson Pilote” avec un récit savoureux disponible depuis l’été. Rencontre.


Mézières


Il a été mon premier prof de BD, j’étais allé le voir alors que je n’étais qu’un " gamin ". Il n’a pas hésité à démonter mon travail, je repartais démoralisé ! (Rires.) Non, en fait Mézières est très pédagogue et a une façon très constructive de souligner ce qui ne va pas et de trouver les solutions, notamment en ce qui concerne la lisibilité, chose essentielle quand on raconte une histoire. Il m’a aussi appris à " tricher " parfois sur certains cadrages quand cela est nécessaire, des trucs très utiles !


10 ans !


Ça fait dix ans que je travaille avec Éric Omond. On s’est connus à l’époque aux Beaux-Arts d’Angers ; on commençait déjà tous les deux, sans se connaître, à faire de la bande dessinée chacun de son côté. On a discuté, beaucoup discuté même ! Expression des personnages, narration, construction d’un récit… Sur ces deux derniers points Éric m’a beaucoup apporté, il travaillait déjà sur des scénarios " expérimentaux " élaborés comme des équations mathématiques ! Sa façon très cartésienne de voir les choses m’a bien aidé.


Débuts


J’ai débuté dans un magazine anglais qui s’appelait Deadline où bossait Jamie Hewlett, l’auteur de Tank Girl. C’était une revue " rock et bande dessinée " qui a duré 5 ou 6 ans. Un mélange entre Les Inrockuptibles et Métal Hurlant… Leur approche expérimentale n’était pas facile et le public n’a pas suivi. Dommage, surtout qu’à ce moment je travaillais sur un personnage qui s’appelait Phil Kaos. Un éditeur français, Triskel, a décidé de regrouper ça dans un album. Puis BoDoï a publié ce personnage dans ses pages au début. J’ai ensuite travaillé pour le magazine Gotham édité par Vents d’Ouest, lequel magazine a été racheté par Le Téméraire pour devenir Golem. C’est là que nous avions commencé Ninie Rezergoude mais la revue s’est arrêtée… Comme à ce moment-là je travaillais sur Toto l’ornithorynque, Ninie Rezergoude est aussi passée dans l’escarcelle de Delcourt. C’est comme ça que nous avons sorti trois albums en très peu de temps !


Toto


J’avais imaginé cet univers et ses personnages, mais au moment de passer aux choses sérieuses (Delcourt était preneur pour sa collection jeunesse), j’ai un peu paniqué… Éric s’est greffé au projet et a véritablement développé l’histoire. Toto est sans doute ma série la plus aboutie graphiquement, elle est la prolongation de mes années de Beaux-Arts et de recherche graphique (je travaille ici à l’acrylique). En même temps Toto est – je l’espère – très lisible, il ne faut pas qu’un jeune lecteur ait un écueil à la lecture, c’est essentiel, c’est aussi pour cela que la couleur participe par exemple à la narration. Mais en règle générale j’aime bien tester, expérimenter, chercher. Pour moi la bande dessinée est une aventure graphique, en ça je pense avoir une approche moins littéraire que de nouveaux auteurs (que j’adore) comme Sfar, Blain, David B., Trondheim (etc.) pour qui en général le dessin est une écriture, un outil au service d’un récit.


Voleuse !


La Voleuse du Père Fauteuil, ma nouvelle série, avec Omond, toujours. Cette fois c’est lui qui est vraiment l’instigateur de la série, il avait au départ créé cet univers pour un illustrateur et cela n’avait pas abouti. Alors, quand on a réfléchi à une série pour “Poisson Pilote”, on a pensé à réutiliser ce projet qui me plaisait bien surtout que le personnage principal était une femme, c’est un élément que j’apprécie. Là aussi j’ai dû adopté un dessin en fonction de l’histoire : j’ai opté pour un graphisme à la fois réaliste et comique, il y a même un aspect caricatural voire grotesque par moments quand l’histoire le permettait. Et puis j’ai utilisé pas mal de hachures pour souligner cette époque, ce côté fin xixe siècle, tout comme le traitement graphique de l’architecture Art déco, art floral… Nous sommes entre Belphegor, Rouletabille et Fantomas, on a utilisé des clichés liés à ces univers. Par exemple la parodie du monde littéraire de l’époque m’a vraiment amusé : j’ai toujours besoin d’avoir de l’humour dans mes séries, c’est vital. Mais le côté parodique ne doit pas cacher certains thèmes plus graves ou sérieux (la politique, l’homosexualité, etc.). Le coloriste, Hubert, a apporté sa touche, ce qui n’était pas facile au départ, on a d’ailleurs tâtonné pour trouver la bonne palette d’autant que l’histoire tourne beaucoup autour d’une succession de séquences nuit/jour.


A part ça ?


Quand je ne dessine pas, je suis malheureux ! Sinon je m’intéresse à l’art contemporain et vais à pas mal d’expos – mais je ne fréquente pas les salons littéraires (rires) – et puis je voyage, je m’occupe de mon chien, je vois les copains… Bref j’essaie de m’occuper, sachant que l’envie de dessiner est plus forte que tout !



Éric Gauvain

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