Les Âges perdus : une quête impossible dans un monde post-apocalyptique
La série parfaite pour les fans de The Witcher : un voyage dans un monde peuplé de créatures dangereuses…

L'infini vagabond est le troisième épisode des Âges Perdus, une uchronie aussi singulière que fascinante.
La tétralogie Les Âges perdus est un récit postapocalyptique un peu particulier car la catastrophe – en l’occurrence une pluie de météorites – qui recouvre la Terre d’un manteau de poussière a lieu au passage à l’an mil. La préoccupation des descendants des survivants, une fois le soleil réapparu, n’est donc pas de recréer une société hypertechnologique, mais simplement de réapprendre à cultiver, à élever des animaux, pour sortir du nomadisme et pouvoir vivre ensemble, en paix.
C’est la quête d’Elaine, qui est persuadée que ces connaissances élémentaires ont été préservées quelque part.
Avec cette uchronie, Jérôme Le Gris imagine un monde médiéval retombé au début du néolithique et décidé, c’est du moins le cas pour l’héroïne du récit, à tout reconstruire. Les dessinateurs Didier Poli et Luca Bulgheroni, nouveau venu dans la série, mettent en images cette désolation, cette violence mais aussi cet espoir chevillé au corps avec toute la démesure qui convient. Car c’est l’avenir de la société des Hommes qui est en jeu dans Les Âges perdus.
Les auteurs nous entraînent au cœur d’une fabuleuse épopée fantastique faite de monstres, de luttes mortelles, de croyances et… d’espoir.
Mais que l’on ne s’y trompe pas : au-delà du récit d’aventures haletant, Jérôme Le Gris nous invite aussi à la réflexion et nous interroge sur des enjeux humains et sociétaux de premier ordre : le savoir, la croyance, la violence…
Ce récit dense et très bien construit est porté par le graphisme réaliste et nerveux de Didier Poli et Luca Bulgheroni. La mise en scène très cinématographique fait la part belle aux scènes d’action à couper le souffle et aux immenses paysages dévastés, et les cadrages efficaces rythment la lecture. Quant aux couleurs crépusculaires, elles répondent parfaitement à la violence qui domine le récit.
Une série palpitante à recommander aux amateurs de grande aventure !
Retour avec Jérôme Le Gris sur le travail de scénariste et les origines des Âges Perdus.
Quelle est l’origine des Âges perdus ?
Je suis parti d’une théorie élaborée par certains historiens, qui considèrent que la sédentarisation a donné naissance à la violence de masse. Quand les tribus nomades ont commencé à s’installer sur un territoire, elles ont cherché à le protéger grâce à la classe des guerriers, et la société est entrée dans un cercle vicieux qui est toujours d’actualité.
À quel genre appartient la série ?
Ce n’est pas un récit post-apocalyptique au sens classique de l’expression, car le « post-apo » se situe à notre époque contemporaine. Je parlerais plutôt de « rétro-apocalyptique » : l’apocalypse n’est pas survenue en 2022 mais en l’an mille. Nous mettons en scène la régression d’une civilisation dans le cadre d’une grande aventure épique.
Vous décrivez un avenir possible ?
Notre civilisation, qui est fondée sur le principe de sédentarité hérité du néolithique, favorise encore aujourd’hui la violence de masse et l’appropriation des ressources. Les personnages des Âges perdus peuvent choisir une autre voie. Ils se trouvent à la croisée des chemins…
Quelles sources avez-vous utilisées ?
Je me suis appuyé sur les écrits d’historiens, et notamment sur les travaux de Jean-Paul Demoule, un archéologue et préhistorien. Il faudra plusieurs années avant de savoir si cette thèse peut être validée, car le néolithique est une époque très ancienne qui nécessite de mener des recherches, mais cette idée m’a paru intéressante.
Comment avez-vous travaillé avec Didier Poli, le dessinateur ?
Avant de commencer à découper l’histoire, il a fallu donner une forme cohérente à notre univers. Didier est un excellent designer, et il a beaucoup travaillé sur les costumes, les décors, les habitats et les armes.
Retrouvez notre émission Au cœur de la planche avec Didier Poli
Les femmes jouent un rôle essentiel dans Les Âges perdus…
En général, je trouve les héros masculins un peu rébarbatifs et souvent déjà vus. Les personnages féminins m’intéressent car ils sont moins archétypaux.
Vous êtes aussi réalisateur de films, que vous apporte votre travail de scénariste de BD ?
La bande dessinée est une récréation et une bouffée d’air artistique ! Elle me permet d’explorer des univers qui seraient inabordables au cinéma pour des raisons financières…
Merci à Jérôme Le Gris d'avoir répondu à nos questions.
Découvrez dès maintenant les premières planches du tome 3 des Âges perdus , une réflexion sur le savoir, les croyances, la sédentarisation et les aspirations de l’être humain !
Retrouvez notre article sur le tome 1 des Les Âges perdus - Le Fort des Landes