Le Paradoxe de l'Abondance : une enquête en BD d'Hugo Clément
Hugo Clément enquête sur les ravages silencieux de l'agro-industrie.

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L'album
Le Paradoxe de l’abondance ou comment l’agriculture industrielle, en produisant une quantité colossale de nourriture, détruit les sols, pollue l’air et empoisonne les nappes phréatiques. Mais peut-on faire autrement pour qu’une population toujours plus importante mange à sa faim ?
Le journaliste Hugo Clément remonte les filières et laisse la parole aux scientifiques, ainsi qu’aux éleveurs et cultivateurs qui travaillent de manière durable, en préservant l’environnement. Cette implacable enquête, enrichie d’une étude sur l’évolution de l’agriculture à travers les siècles, donne toutes les clés aux consommateurs, car il y a bien un choix à faire et il peut être fait au quotidien, dans nos assiettes.
Dans cette bande dessinée documentaire, les lecteurs (re)découvrent ce qui fait le succès et la redoutable efficacité des enquêtes d’Hugo Clément : partir de la vie quotidienne et de ce que chacun peut constater par lui-même, revenir à la source, sur le terrain, enquêter et interroger. Pas moins de vingt-cinq intervenants sont sollicités : scientifiques, paysans et militants. Et ces trois prismes se rejoignent : l’agriculture intensive est mortifère et il existe bien une autre solution.
La bande dessinée est le médium idéal pour rendre compte de ces recherches, d’autant plus avec un spécialiste de la narration tel que Vincent Ravalec, et Dominique Mermoux pour la mise en images. Ses aquarelles font comprendre autant la pollution aux nitrates sur une carte de France, la douleur d’une vache à qui on enlève son veau pour produire davantage de lait, que les origines de l’agriculture depuis dix mille ans : de la sédentarisation agricole jusqu’à maintenant où la terre ne nourrit plus seulement les hommes, mais aussi le capital. Étude du passé et présent de l’enquête pour conduire à un avenir désirable.
Entretien avec Hugo Clément
Qu’est-ce que le paradoxe de l’abondance ?
On produit énormément de nourriture, ce qui est très bien parce qu’on a beaucoup de gens à nourrir, mais on la produit d’une manière qui n’est pas durable. Et on a un modèle agricole qui n’est pas orienté vers les bonnes productions. Par exemple, on produit énormément de maïs, à grand renfort d’eau, de pesticides, de surfaces en monoculture. Et ce maïs est en très grande partie destiné à nourrir les animaux qui sont dans les élevages intensifs, à produire du gaz et du sucre transformé qu’on retrouve dans toute la nourriture industrielle… Cette nourriture de très mauvaise qualité qui en plus ne répond pas à nos besoins nutritionnels, et qui provoque l’un des problèmes de santé publique majeurs dans le monde d’aujourd’hui : le surpoids et l’obésité.
On ne s’en rend pas encore compte dans nos assiettes, mais on hypothèque l’avenir de l’agriculture en continuant à la pratiquer telle qu’on la pratique aujourd’hui.
D’ailleurs, pour vos enquêtes, vous commencez par nos assiettes ?
On aime bien partir du consommateur et de notre vie quotidienne pour remonter les filières. C’est toujours plus intéressant de partir de ce qu’on a dans notre frigo, dans notre placard, d’essayer de voir comment cet aliment a été produit, quels impacts il a pu avoir en amont. Ça permet de relier directement le consommateur au producteur, et de responsabiliser aussi le consommateur.
On ne parle pas de choses qui sont extérieures à notre vie quotidienne. C’est nous, en fait, l’agriculture ; ce sont nos choix de consommation, c’est ce qu’on met dans nos assiettes.
Il resterait donc un choix ? D’autres solutions ?
Quand on prend le temps de s’intéresser au tissu local partout dans les régions en France, il y a beaucoup de paysans qui font les choses différemment, qui essaient de faire leur métier tout en régénérant la terre, tout en préservant le sol, les arbres, les haies, etc. Et on ne les voit pas beaucoup, malheureusement, alors qu’ils existent et qu’ils mériteraient d’être plus mis en lumière pour être beaucoup plus soutenus, notamment par les consommateurs. Pour moi, c’est fondamental de montrer que le monde agricole n’est pas uniforme et ne se résume pas à la FNSEA et aux défenseurs de l’agriculture industrielle.
Arrivez-vous à rester optimiste ?
On est dans cette situation dont on a hérité et il ne tient qu’à nous de changer la suite et de ne pas léguer la même situation voire pire à nos enfants. Le fait d’être beaucoup sur le terrain avec tous ces agriculteurs qui tentent de faire les choses différemment, avec les militants aussi qui défendent les zones naturelles, avec les scientifiques, ça donne beaucoup d’espoir. Quand on est en action, on est protégé de l’anxiété, de l’inquiétude, du pessimisme, ça permet d’entrevoir l’avenir différemment. Ça ne veut pas dire que ça marchera forcément.
Back to topIl y a des batailles qu’on ne va pas gagner mais on aura fait ce qu’on a pu pour essayer de laisser à nos enfants un monde habitable… et agréable si possible.
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