Instituteur & auteur

Par l'équipe Dargaud

En janvier sortira le deuxième volume de la série intitulée Moustic. Une bouffée d’air signée Moski, un nouveau venu dans le métier qui exerce également celui d’instituteur. La BD comme récréation ?






Quel a été votre parcours ?


Atypique, mais je crois bien que tous les parcours des auteurs de BD sont atypiques ! Je suis issu du milieu modeste de la sidérurgie lorraine. Depuis tout petit, je veux devenir dessinateur (désolé pour le gros lieu commun !) J’ai encore chez moi les “ albums “ que je dessinais à l’époque : Super Kangourou contre la poule atomique. Tout un programme !


Malheureusement, dans mon milieu, il était impossible de rencontrer des professionnels et mes parents n’avaient pas les moyens de me payer une formation artistique qui aurait été coûteuse et risquée. Je suis donc devenu instituteur à l’âge de 18 ans. Puis je suis parti au Brésil dans le cadre d’une coopération (j’étais instit à l’école française de Brasilia) Ces quatre années ont été pour moi comme un rêve éveillé ! Pourtant, j’ai tout lâché pour tenter ma chance en France, persuadé dans une immense naïveté que sitôt arrivé, un éditeur me donnerait ma chance. Il a fallu presque dix ans de travail acharné pour y arriver !


N’est-il pas difficile de passer du métier d’instituteur à celui d’auteur de BD ? Comment est-ce perçu par le monde enseignant et... vos élèves ?


J’exerce cette année mon métier d’enseignant à mi-temps. Jusqu’ici, mes emplois du temps étaient très serrés entre deux professions très exigeantes ! Si j’avais le choix, je serais dessinateur. En ce qui concerne mon image, je n’ai franchement pas de problèmes dans le monde enseignant où mon métier d’auteur est assez bien perçu. Quant aux élèves, c’est assez amusant : ils ont au début du mal à se positionner, ne sachant pas trop comment me prendre : un dessinateur, ce serait plutôt un copain, mais avec un enseignant, il y a toujours une distance, un respect... Puis les choses finissent par se normaliser. Le jour des vacances, je fais toujours un petit dessin à chacun.


Pourquoi avez-vous décidé de signer une série jeunesse ? Par nostalgie ? Par conviction ? Par amour pour le monde du monde de l’enfance ?...


On ne dessine et on ne raconte bien que ce que l’on est. Or, je ne me suis jamais vraiment décidé à quitter le monde de l’enfance. Il faut dire que les adultes font de leur mieux pour bâtir un monde triste, sans poésie : culture d’entreprise, lois et décrets, mondialisation... Quand je vois à la télé ces armadas de courtiers en bourse, occupés à traquer du matin au soir la moindre variation de la troisième décimale du taux du Cac 40, j’ai franchement de la peine pour eux ! Je n’aurais jamais pu exercer l’un de ces très sérieux métiers de grandes personnes ! J’ai besoin d’un monde coloré, de fantaisie, d’aventures et d’humour... C’est pour ça que je dessine pour la jeunesse.


Un enfant (Moustic) et un animal (le Ratapus), n’est-ce pas du déjà vu ?


Au début du projet, Moustic était seul, et c’était lui qui, en touchant un objet, lui donnait la vie. Le but était ainsi de faire apparaître dans mes BD une foule de créatures bizarroïdes (cyclopes, monstres de tous poils, cravates folles...) Mais je me suis vite aperçu qu’il fallait déléguer ce pouvoir à un compagnon, et c’est ainsi qu’est né le Ratapus. Cependant, le toucher magique ne collait plus avec ce nouveau personnage. En faisant le tour des cinq sens, j’ai pensé à l’odorat, puis à l’éternuement. C’est donc par pure logique scénaristique qu’est né le Ratapus, et non pour appliquer des recettes.


Vous venez d’obtenir le prix du public du Festival de Bassillac1. Réaction ?


Un prix du public, c’est un vrai cadeau, surtout lorsque celui-ci ne connaît ni le dessinateur, ni le personnage ! Ça me donne beaucoup de courage pour la suite.


Où aimeriez-vous vivre : au Brésil, au Babanam, en France ?...


Aucun pays n’est idéal. Donc, au Babanam, sans hésitation ! D’ailleurs, on reparlera très bientôt de cette petite île d’Extrême-Orient !



EDK


1/Moski a reçu ce prix du public du festival de Bassillac qui s’est déroulé les 27 et 28 octobre (sous la présidence de Jean-Claude Mézières) dans le Sud-Ouest.


2/ Nom du pays d’où viendrait le Ratapus

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