Claire Bretécher : meilleure sociologue de l'année 1976

Roland Barthes louait son analyse de la société en 1976. Quelques dizaines d'années plus tard, l'oeuvre de Claire Bretécher reste ancrée dans notre imaginaire culturel. Retour sur une figure majeure de la bande dessinée !

Par l'équipe Dargaud

Table des matières

De la grande dessinatrice qui nous a quittés en février 2020, on retient l'humour acide et le trait savamment « jeté », le canapé des Frustrés et le vocabulaire d’Agrippine. Du Docteur Ventouse aux Mères, Bretécher aura passé sa vie à nous décrire avec nos travers - pas toujours petits -, nos faiblesses et nos ridicules, pas toujours assumés...

De Pilote à L’Obs, c’est aussi l'histoire de la presse que l’autrice a marquée, avec ses histoires au format court et son humour percutant.

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Une vie à dessiner

Elle disait ne pas observer. Elle absorbait, sans doute. Et elle ne s’oubliait pas.

« Je parle toujours plus ou moins de moi-même, et mes personnages se moquent beaucoup de mes propres travers. »

Claire Bretécher

Le résultat est là : intelligence à vif, dialogues hilarants, graphisme nerveux, précis et inimitable. Le tout enrobé d’une profonde tendresse pour la bestiole humaine — profonde et surprenante, compte tenu de son extrême lucidité.

Couverture de l'Obs par Claire Bretécher

« Ma mère me disait toujours que je ne foutais rien, alors, ne serait-ce que pour la contrarier, et aussi pour me prouver à moi-même que je fais des choses, je ne jette pas mes brouillons. J’ai des boîtes entières de brouillons, ça n’a aucun sens, c’est une superstition. »

Claire Bretécher

Claire Bretécher

Claire Bretécher dessinait beaucoup, cherchant obstinément l’attitude et le langage idoines — elle ne jetait rien.

les brouillons de Claire Bretécher

Alors, quand on farfouillait dans ses cartons à dessin et ses piles de papiers, on trouvait des perles qui nous parlaient de l’air du temps, de l’amour, de la maternité, de l’éducation des marmots, de la bouffe correcte ou non, du gouffre des générations, des religions exotiques, ou encore du tsunami émotionnel déclenché par cette simple phrase : « J’espère que tout le monde aime le civet. »...

Dans l'ouvrage Le Destin de Claire, qui retrace sa vie et son oeuvre, de nombreux auteurs lui rendent hommage. Parmi eux, écoutons Catherine Meurisse parler du travail de cette immense artiste, dans le cadre de l'exposition dédiée à Claire Bretécher (Bpi, 2016).

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Les Frustrés en couleurs

Le 24 septembre 1973, Bretécher publie sa première page des Frustrés, bientôt rebaptisée Les Frustrés, dans le Nouvel Obs.

Chaque semaine, jusqu’en 1980, elle croquera avec une justesse remarquable ceux que l’on appelle « les intellos de gauche » – habiles contorsionnistes tiraillés entre les idées qu’ils affichent et les comportements qu’ils cultivent. Cinquante ans plus tard, ces pages hilarantes restent un témoignage de nos travers, car, soyons lucides, rien n’a changé…

Les « intellos » sont devenus « bobos », mais, réjouissons-nous, cela signe l’actualité de ce best of des Frustrés ! Quel plaisir de redécouvrir – et pourquoi pas de découvrir, pour certains d’entre nous – ces héros qui n’en sont pas.

Une série sans aucun personnage récurrent, et dont on connaît pourtant chaque protagoniste. Et pour cause ! Claire Bretécher n’a rien inventé : elle a observé, avec détachement, avec amusement ; elle a raconté, avec talent. Le texte est pertinent, subtil, caustique : irrésistiblement drôle. Sa finesse d’observation et d’analyse transparaît d’ailleurs dans son dessin.

Je n’ai pas l’impression d’observer, je suis très myope et très distraite, alors ça doit entrer d’une façon ou d’une autre mais je ne sais pas laquelle.

Claire Bretécher

Le trait est vif, incisif, d’une justesse redoutable. Bretécher tire du dépouillement des planches – les décors sont presque absents – une puissance graphique, et les postures inimitables des personnages racontent parfois autant que les mots. Une paire de jambes qui se croisent et se décroisent donnent le ton du récit ; un pied qui tapote le sol marque l’agacement. Rien n’a changé, mais Claire Bretécher, elle, a bouleversé la bande dessinée.

Près de cinquante ans plus tard et un travail de mise en couleurs remarquable par Isabelle Cochet qui a travaillé avec Bretécher, ces pages hilarantes restent un témoignage jubilatoire, hilarant et toujours d’actualité : « frustrés » ou « bobos », rien n’a vraiment changé !

Découvrez ou redécouvrez les pépites des Frustrés dans ce best-of indispensable !

Nous vous donnons rendez-vous en librairie pour retrouver l'oeuvre de Claire Bretécher !

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