C’est absurde : Nikita Mandryka est mort.

Les mots ne manquent pas quand il s’agit d’envisager la disparition de Mandryka, ils n’ont pas de sens.

Par l'équipe Dargaud

Mandryka

Il est, avec ses grands amis Marcel Gotlib et Claire Bretécher, celui qui aura tout connu et tout fait en matière de bande dessinée, et qui aura permis à ce moyen d’expression d’atteindre des sommets artistiques et littéraires. Son dessin ultra-dynamique et capable de tout lui a permis d’explorer comme personne d’autre l’absurde, le non-sens, la philosophie, le zen - sa dernière grande découverte personnelle après la psychanalyse. Sa compagnie passionnante, sa curiosité sincère et insatiable, son intégrité intellectuelle, tout en lui le rendait attachant… Les mots ne manquent pas quand il s’agit d’envisager la disparition de Mandryka, ils n’ont pas de sens.

Nikita Mandryka, dit Mandryka, est un auteur de bande dessinée français, d’origine russe. Connu pour être le créateur du célèbre Concombre masqué, il a également fondé avec Claire Bretécher et Marcel Gotlib L’Écho des savanes et il a été le rédacteur en chef des magazines Charlie Mensuel et Pilote. Parmi les nombreuses récompenses qu'il a reçues, on lui a notamment décerné le Grand Prix du Festival d'Angoulême en 1994, rendant ainsi hommage à son œuvre. Origine russe pur jus pour ce dessinateur né un 20 octobre 1940 à Bizerte, en Tunisie par un hasard de circonstances qui influença son génie créateur. Le grand-père maternel, commandant d'un torpilleur, chassé par la révolution bolchevique, part de Sébastopol en 1918, demande l’asile de la France, qui le dévie vers Bizerte. Il y échoue son navire totalement déglingué puis se retrouve gardien de citerne. Les parents de Nikita, étudiants en médecine à Lyon, retrouvent la diaspora slave sous le soleil maghrébin et y conçoivent leur fiston. Papa est devenu toubib.

« C’était un monde de folie entre immigrés russes, se souvient Mandryka. Les hommes vaincus aspirant au retour, les femmes faisant des ménages … de doux dingues ! J’ai repris certains mots russes qui me faisaient rire en les transcrivant plus tard de façon phonétique en BD. Je pense que c’est à partir de cet univers que j’ai inventé le mien, une façon de me sortir de la folie dans laquelle j’ai vécu mon enfance, de la maîtriser. Le Concombre est une BD thérapeutique, une analyse infinie. »

Mandryka dessine dès l’âge de 7 ans après la découverte de Spirou, véritable « explosion » dans son jeune cerveau. Il copie avec application les personnages. Ses balbutiements en BD accompagnent ses premiers émois de spectateur assidu de westerns, de Zorro et Flash Gordon sur grand écran. La situation se gâte en Tunisie et la famille émigre au Maroc avant d’atterrir à Lons-le-Saunier (Jura) où Nikita entame des études secondaires. Un choc climatique et environnemental qu’il devra surmonter. En 1968, Mandryka entre à l’IDHEC à Paris. Son cursus cinéma terminé, il a déjà commencé la BD pour « gagner sa croûte » et le dessin l’emporte :

« Un film n’est pas une mince affaire alors qu’avec un papier, un crayon et un pinceau, on fait soi-même son cinéma. » 

L’idée du Concombre lui vient à 14 ans quand il tombe sur une BD de Jean-Claude Forest, Le Copyright, un lézard magique tirant d’une poche une panoplie d’outils. Aguerri au dessin, Nikita publie avec succès ses premières BD chez Vaillant et dans Pif. Avec un humour aussi décalé que décoiffant, un sens aigu de la dérision et de l'absurde, un langage réinventé, un délire contrôlé et un graphisme percutant, le tout parsemé de quelques réflexions philosophiques, le monde de Mandryka ne ressemble à aucun autre. Le Concombre paraît dans Pilote en 1967 puis l’auteur fonde avec Bretécher et Gotlib L’Écho des savanes au début des seventies. Il quitte L’Écho en 1969, manquant de feeling pour gérer une entreprise, et réfractaire aux contraintes éditoriales. Il poursuit en parallèle ses publications dans Pilote, soit six albums. En 1982, Mandryka devient rédacteur en chef de Charlie Mensuel, puis de Pilote en 1983 avant d’en devenir conseiller à la rédaction et finalement de s'en aller pour de bon. Sa création l’intéresse bien plus que d’expliquer la BD aux autres. À cette période, il rédige le scénario d’Alice (1985) dessiné par Riverstone puis s’oriente vers la publicité avec Pas de sida pour Miss Poireau (scénario de Claude Moliterni) qui obtient le Prix Alfred de la communication à Angoulême en 1988. Après quatre publications du Concombre chez Dupuis, La Dimension Poznave (parts 1 et 2), Le Concombre dépasse les bornes et Le Concombre fait avancer les choses, entre 1990 et 1992, Mandryka déménage à Genève où sa future épouse, Alicja Kuhn, on crée une adaptation théâtrale des aventures de son héros. Grand Prix d’Angoulême en 1994, Nikita Mandryka est célébré l'année suivante dans un album collectif, Tronche de Concombre, qui dépeint son « Concombre masqué » du point de vue de trente-quatre autres auteurs. Il relance son légume en 1995 avec un album, Les Inédits, pour finalement abandonner la bande dessinée pour quelque temps. Mandryka revient en force dans les années 2000, en participant au scénario de deux tomes de la série Les Gardiens du Maser de Max Frezzato, avant de reprendre les rênes de son Concombre masqué pour l'album Le Bain de minuit. Nikita Mandryka anime toujours le site du Concombre masqué, en publiant chaque semaine une planche avec de nouvelles péripéties du légume, qu’il publie chez Alain-Beaulet.

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