Trio magique

Par l'équipe Dargaud

Avec le troublant thriller Mister George dont le premier des deux tomes paraît en août, la collection “Signé” du Lombard s’enrichit des signatures de deux scénaristes emblématiques de la BD actuelle, Rodolphe et Le Tendre. Elle consacre aussi les talents de metteur en images de Labiano…






Qu’est-ce qui conduit Rodolphe et Le Tendre à parfois écrire des scénarios en duo ?


 


Rodolphe : L’amitié ! Voici maintenant une trentaine d’années que Serge Le Tendre et moi, nous sommes amis. Comme nous exerçons le même métier, celui de scénariste de BD, travailler en duo est un prétexte pour se voir régulièrement. C’est ainsi que nous avons conçu ensemble le Cycle de Taï-Dor dont une nouveauté paraîtra d’ailleurs dans les mois qui viennent, puis la Dernière Lune pour Antonio Parras. Cet album sorti au Lombard en 1992 devait être le premier d’une série, mais des divergences de vue avec la direction éditoriale de l’époque nous ont alors amenés à en rester là…


Aujourd’hui pourtant, vous y revenez avec le diptyque Mister George dans la collection “Signé”.






Rodolphe : C’est que depuis dix ans, d’heureux changements se sont produits au Lombard. Depuis l’arrivée d’Yves Sente au poste de directeur éditorial, l’image de la maison n’a plus cet aspect réactionnaire qu’elle avait avant. Il s’y pratique maintenant une intelligente politique d’ouverture qui tente les auteurs. Cela dit, Serge et moi, nous avons écrit cette histoire de Mister George sans penser à un éditeur en particulier. Ce qui nous a motivés, c’est surtout le plaisir de tenter ensemble une nouvelle expérience et l’envie de traiter ensemble un nouveau style de récit. Avec le Cycle de Taï-Dor, on évolue dans le merveilleux, l’heroic fantasy, les mondes parallèles. La Dernière Lune, c’était plutôt la grande aventure… Ici, on se situe dans un univers contemporain, dans une quête d’identité et des problèmes d’ordre psychologique : des thèmes que nous avions abordés chacun de notre côté, mais jamais ensemble.


A votre avis, pourquoi Rodolphe et Le Tendre vous ont-ils choisi, vous Hugues Labiano, pour dessiner ce thriller ?






Labiano : Mister George est un thriller où la psychologie des protagonistes joue un rôle très important. Ce qui, je pense, a incité Rodolphe et Serge Le Tendre à me proposer de mettre en images leur scénario, c’est la façon dont j’avais typé les personnages de Matador, un triptyque que j’ai dessiné pour Glénat et dans lequel les aspects psychologiques tenaient également une place de premier plan. C’est du moins ce qu’ils m’ont laissé entendre et c’est en tout cas la seule référence que j’avais lorsqu’ils m’ont branché sur cette histoire…



Rodolphe : Serge Le Tendre et moi, nous avions effectivement eu un coup de foudre pour ce triptyque Matador. Le traitement du personnage et le rendu de l’atmosphère nous avaient impressionnés. Chaque page de ce récit qui se passe dans le Sud, sentait la chaleur. Rares sont les dessinateurs capables d’instaurer un climat. Vu cette capacité qu’a Labiano d’exprimer des choses au-delà de l’action, nous nous sommes dit qu’il serait le metteur en images qu’il nous fallait pour Mister George… Au moment où nous lui avons proposé de dessiner ce scénario, nous ne savions toutefois pas qu’il venait tout juste de s’engager sur Dixie Road avec Jean Dufaux pour Dargaud. Comme nous tenions à travailler avec lui, nous avons donc attendu qu’il arrive au terme de cette route prioritaire ! C’est ce qui explique pourquoi Mister George a mis tant de temps à se manifester…


Choisir Labiano, c’était aussi une façon de promouvoir un jeune dessinateur prometteur ?


 



Rodolphe : Oui et non. Pour Le Tendre et moi, l’essentiel était de travailler avec un coauteur de qualité. Nous avons eu la conviction que Labiano était le plus apte à rendre graphiquement ce que notre scénario exprimait. C’est, de plus, quelqu’un d’agréable et de sérieux dans le travail.


Comment réagit un jeune dessinateur à la perspective de collaborer avec des scénaristes aussi réputés ?






Labiano : Quand vous débutez dans le métier de dessinateur de BD et que des scénaristes aussi confirmés que Rodolphe et Le Tendre vous proposent de travailler avec eux, vous êtes flatté et vous répondez oui sans hésiter. Ce scénario était en outre l’occasion pour moi d’illustrer un récit très actuel et se situant dans un univers très contemporain. Mes deux autres productions, Matador et Dixie Road, se déroulant dans les années 1930, j’avais fort envie de changer de cadre et d’atmosphère. De plus, Mister George est un thriller implacable, concis, qui vous tient en haleine de bout en bout et c’était donc excitant à dessiner. La perspective de travailler sur un sujet totalement différent m’intéressait vraiment… En fait, c’est la conjugaison de ces divers éléments qui m’a motivé.


L’ambiance des thrillers contemporains à l’américaine est-elle graphiquement inspirante ?






Labiano : Comme la plupart des gens de ma génération, ma culture est fortement américanisée. Je suis en outre un grand lecteur de littérature américaine. Graphiquement, tous les dessinateurs vous diront que les Etats-Unis sont très inspirants. C’est plus excitant à dessiner que la Dordogne qui est cependant une superbe région… Cela dit, aussi bien pour Dixie Road avec Dufaux que pour Mister George avec Rodolphe et Le Tendre, le cadre m’était imposé par le scénario.




De quelle façon se partage le travail d’écriture entre deux amis coscénaristes ?






Rodolphe : Comme écrire ensemble, c’est d’abord une façon de resserrer les liens d’amitié qui nous unissent et l’occasion de nous voir souvent, nous passons quelques jours chez l’un ou chez l’autre à cogiter du matin au soir, puis à structurer les résultats de nos élucubrations. De la trame initiale au développement du sujet, de l’écriture des dialogues au découpage des séquences, nous élaborons tout ensemble. Aucun de nous deux n’a une tâche particulière. Cela dit, parce qu’il a débuté comme dessinateur, Serge visualise davantage les situations que moi qui ai une formation littéraire. Spontanément, les idées de cadrages viennent le plus souvent de lui et les principes de dialogues, le plus souvent de moi.


Jean-Louis Lechat

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