Interview de Nicolas Hénin, le scénariste-reporter

Avec Haytham, une jeunesse syrienne, Nicolas Hénin dresse le parcours poignant mais plein d'espoir d'un jeune Syrien... Une BD pas comme les autres.

Par l'équipe Dargaud

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(cette interview est un extrait de l'interview de Nicolas Hénin à paraître le 26 août dans le n°16 du Dargaud le Mag. Retrouvez l'interview complète dans Dargaud le Mag chez votre libraire à la fin du mois)

La Syrie, le grand reporter Nicolas Hénin la connaît comme sa poche : ce spécialiste reconnu du Moyen-Orient et des « printemps arabes » s’y est rendu à de nombreuses reprises pour couvrir la révolution contre le régime de Bachar al-Assad. Mais foin d’exposé géopolitique assommant ici : c’est à travers l’itinéraire aussi poignant que plein d’espoir du jeune Haytham que Nicolas Hénin signe sa première BD. Et remet en cause, sans avoir l’air d’y toucher, bien des idées reçues sur la révolution syrienne et la crise des migrants qui s’ensuivit. Il nous raconte l’aventure de cet album pas comme les autres.

Comment est né ce projet de bande dessinée ?


Nicolas Hénin : En tant que journaliste, spécialiste des conflits et du Moyen-Orient, j’avais largement couvert la révolution syrienne et la guerre civile qui en a découlé. Après avoir été kidnappé par l’EI, il n’était plus question que j’y retourne. Et d’ailleurs, il n’y a pratiquement plus aucun journaliste occidental qui couvre ce pays, sinon très ponctuellement à l’invitation du régime de Bachar al-Assad. Pour un journaliste, c’est une frustration. Cela impose de trouver des moyens originaux et j’ai commencé à chercher des pistes alternatives pour parler de ce pays. J’ai aussi très vite été sensibilisé à la question des réfugiés. La moitié de la population syrienne a dû quitter son domicile pour trouver refuge soit à l’étranger, soit dans une autre région du pays. C’est donc avant la grande crise migratoire de l’été dernier que j’ai cherché un moyen de parler de ces destins, de ces vies brisées, mais aussi des espoirs de construire une vie meilleure que constituent tous ces récits de  réfugiés. J’ai découvert Haytham par le biais d’une dépêche AFP. J’ai tout de suite été frappé par l’exemplarité de son histoire, depuis sa place de témoin dans le berceau de la révolution syrienne, puis son parcours singulier à son arrivée en France.  D’ailleurs, mes confrères ne s'y sont pas trompés : en l'espace de quelques jours, il a été invité sur tous les plateaux avant de retourner dans la solitude anonyme de ses études. Haytham est un peu un révolutionnaire malgré lui. Il n’a pris  conscience de la tyrannie dans laquelle il vivait guère que lorsque la contestation a éclatée. Son père est aussi un personnage haut en couleur, l’un de ces héros de la démocratie, même s’il a dû fuir très tôt son pays.

Comment s’est passée votre rencontre avec Haytham ?


Lorsque je l’ai appelé, on s’est rendu compte qu’on se connaissait déjà. Il avait déjà entendu parler de mon travail sur la Syrie. Nous nous sommes découverts des amis communs, notamment dans les cercles de Syriens vivant en France et militant pour les droits de l’Homme. On s’est d’abord retrouvé dans un café. C’est en me rendant, à vélo, à ce rendez-vous que l’idée d’en faire une BD s’est imposée à moi. Il fallait pouvoir montrer des atmosphères, donner à voir. Un récit seulement  littéraire,avec des pavés de descriptions, aurait certainement été moins efficace. J'ai très vite parlé de ce projet à Haytham, qui a d’abord dû me prendre pour un fou, se demander qui était ce bonhomme qui le connaît à peine et veut lui consacrer  une BD ! J’ai ensuite eu de longues séances de travail avec lui. J’avais préparé un questionnaire. J’enregistrais tout ce qu’il me disait. J’ai ensuite retranscrit les heures de conversations, comme une longue confession. L’écriture du scénario a été  presque limpide. Mon rôle s’est réduit à choisir le rythme et à peine reformuler les phrases. Mais pour l’essentiel, le texte de la BD reprend à la virgule l’histoire telle qu’elle est sortie de la bouche de Haytham !

(...)

Comment avez-vous collaboré avec le dessinateur Kyungeun Park (connu pour la BD Yallah Bye – Le Lombard 2015) ?


Avec un immense plaisir ! Kyung est non seulement l’auteur de très beaux dessins, mais aussi quelqu’un qui a la capacité de travailler vite et qui a une personnalité fabuleuse. Je ne sais pas si quelqu’un peut réussir à s’engueuler avec lui (rires)… C’est aussi un vrai avantage d’avoir un regard de migrant sur cette histoire. Kyung est arrivé en France quand il était jeune adulte. Il a aussi cette expérience d’arriver dans une société dont on a tout à apprendre, où l’on manque furieusement de repères, à commencer par le moindre rudiment de la langue. Kyung, comme Haytham, aime la France non pas parce qu’il l’a héritée de ses parents, mais parce qu’il a appris à la découvrir, avec tout ce que nous avons d’attachant et malgré nos  défauts. Pour l’organisation, nous avons eu de longues séances de travail, y compris chez Haytham. Nous avons récupéré beaucoup d’images de son Facebook, qui sont les seules photos qu’il a gardées de sa jeunesse puisqu’il a dû quitter sa  maison de façon précipitée et avec très peu d’affaires. Je voulais faire un travail documentaire. Nous avons aussi beaucoup travaillé les détails. Il fallait que les paysages urbains, les vêtements, les attitudes, les façons de parler soient hyper réalistes. Que les personnes puissent se reconnaître. En tout cas, quiconque connaît la Syrie la reconnaîtra sans peine.

(...)

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Nicolas Hénin dans Dargaud Le Mag 16 le 26 août en librairie.

Haytham, une jeunesse syrienne, paraîtra le 16 septembre prochain !

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