Fin du premier cycle d'ApocalypseMania : Bollée et Aymond se répondent.

Par l'équipe Dargaud

Le cinquième album d’ApocalypseMania clôt le premier cycle “des lumières” de cette passionnante histoire d’anticipation. À cette occasion, les deux auteurs, L-F Bollée et Philippe Aymond, se sont eux-mêmes interviewés en se posant cinq questions (bien entendu…) chacun. BOLLÉE à AYMOND Dis donc, je me rends compte que tu as dessiné ces cinq premiers albums en trois ans seulement… Comment as-tu fait ?



Je me suis laissé emporter par l’histoire comme n’importe quel lecteur et c’est mon envie de lire et de voir la suite qui m’a poussé à dessiner rapidement ! Et puis, à partir du T. 3, j’ai mis au point une nouvelle technique de travail qui m’a permis de supprimer la traditionnelle étape du crayonné. Cela m’a permis d’éviter la raideur d’un encrage trop respectueux du crayonné, de ne pas charbonner ou creuser un papier destiné à recevoir ensuite de la couleur, de ne pas avoir à gommer (je déteste ça !) et, accessoirement, de gagner deux mois de travail sur un album !

Ce qui saute aux yeux, outre ton dessin impeccable, c’est ton talent pour les couleurs qui sont directes. Tu as là encore une technique spéciale ?



Pour la technique, c’est simple : j’applique mes couleurs directement sur le dessin original. Cela implique une prise de risque, mais elle est minime et plutôt excitante. Je travaille à l’acrylique, par couches transparentes successives, allant parfois jusqu’à six ou sept passages pour obtenir la densité et les dégradés voulus. Je commence par les décors, en masquant les personnages au drawing gum (une sorte de latex liquide qu’on applique au pinceau), ce qui permet de passer les fonds sans se soucier de contourner les personnages. Je colorie ces derniers ensuite, après avoir retiré le drawing gum, en travaillant les volumes en clair-obscur… Mais je garde un ou deux trucs secrets qui… ah non, zut ! Trop tard, j’ai tout révélé !

Que penses-tu, à posteriori, de cette fameuse couverture du tome 1 première édition qu’on nous a beaucoup reprochée et qui a été refaite ?



Elle avait le mérite de l’originalité. Voir un soldat africain en très gros plan hurler de peur, ça me semble audacieux… Et mettre le titre de la série au milieu a été depuis utilisé pas mal. Cette couverture a été incomprise, mais elle était peut-être visionnaire de ce que seront toutes les couvertures BD dans quelque temps…

Je dois avouer, mais tu le sais déjà, que mon album préféré de ce premier cycle est Global Underground. Est-ce aussi ton cas, et si oui, aimes-tu la notion de huis-clos ?


Ah oui ! Un huis-clos, c’est passionnant à mettre en scène, ça permet de se rapprocher des personnages, de les cerner davantage (ça rime !). Le T.3 est aussi mon chouchou. Il y a un climat oppressant, avec ces pauvres humains minuscules qui s’affrontent dans un lieu immense et sans issue – un album passionnant à inventer, à construire visuellement. La scénographie de m’a quasiment demandé un travail de décorateur de cinéma.

Nous allons entamer le 2e cycle, mais toi et moi connaissons déjà la “vraie” fin d’ApocalypseMania… Qu’en penses-tu vraiment et tiendrons-nous jusque-là ?



Nous tiendrons, il le faut ! Nos personnages prennent de l’épaisseur et ils ont encore des choses à vivre. Ce qui arrive à Hannah dans Cosmose laisse augurer quelques belles séquences futures. Quant à la fin ultime, j’aime beaucoup l’idée, et elle est très inattendue. D’ailleurs, je vais la révéler maintenant à nos lecteurs. Jacob, donc, en fait… Non ! Aïe ! Arrête ! Pas sur les mains ! Je me tais, je me tais !

AYMOND à BOLLÉE Qui est Jacob Kandahar et qu’avais-tu en tête en le créant ?



Je vois que tu entres dans le vif du sujet… ! Jacob Kandahar est l’homme le plus intelligent du monde, c’est aussi simple que cela ! Il est le Einstein de ce début de xxie siècle, ou en tout cas considéré comme tel. Sa bio est résumée dans le T.1, lorsqu’il est prisonnier en Afrique. Pour moi, il y a deux formidables possibilités qui se rattachent à lui : en faire une sorte de Sherlock Holmes scientifique et explorer les méandres de son esprit. Notamment dans sa vie de tous les jours, où l’on s’aperçoit qu’il est forcément en décalage avec le reste de l’humanité. Voilà pourquoi, sous des apparences de héros “parfait”, il est en fait un être complexe voire désagréable, et certainement malheureux. Cette étude de personnage était une des conditions vitales du projet : il fallait absolument qu’on “joue” avec sa personnalité, n’est-ce pas ?

Tout à fait ! Comment cette idée de faisceaux lumineux envoyés sur Terre t’est-elle venue ?



Grâce au film Contact de Robert Zemeckis. Jodie Foster y entend soudainement un message sonore venu de l’espace… Pourquoi pas un message visuel ? Pourquoi pas des rayons ? C’était parti.

La musique aide beaucoup certains dessinateurs (c’est mon cas ) à construire un univers visuel. Participe-t-elle aussi à ton travail de scénariste ?



C’est un élément fondamental pour moi. Quand je “flashe” sur un morceau musical (chanté ou instrumental), j’imagine aussitôt une scène de cinéma autour. Les images me viennent à l’esprit et je construis une petite histoire. Je ne compte plus le nombre de planches qui m’ont été inspirées par de la musique… Voilà pourquoi il m’est arrivé d’offrir en dédicace des CD où j’avais regroupé les titres qui m’ont servi pour ApocalypseMania !

Nous sommes arrivés au terme de ce premier cycle… As-tu des regrets sur certains aspects de ces cinq tomes ?



(Soupirs) Oui, forcément. Comme tout auteur, je suppose. Je suis pourtant absolument comblé car Apocaly-pseMania ressemble exactement à ce que je voulais faire une histoire fantastique, voire cosmique, qui agit sur plusieurs niveux de lecture. Mais au niveau des détails, j’ai des regrets et des craintes. Je regrette que le titre générique de cette série ait été jugé parfois pompeux ou obscur, je regrette l’accueil catastrophique de la première couverture du T.1, je regrette que Jacob n’ait pas toujours été vu dans sa complexité (voir plus haut), je regrette que beaucoup n’aient pas compris la dernière planche du T.3… Et d’autres choses encore. Et je pense que je crains plus généralement que la série ne plaise pas !

Que peux-tu me (nous) dire sur le 2e cycle ?



Jacob, Ardell et Hannah ont donc rencontré l’entité à l’origine des rayons. Ils savent aussi pourquoi la Terre a reçu cet “appel”. Jacob va devoir maintenant faire face à un certain nombre d’épreuves – en vue d’un affrontement final. Le 2e cycle comprendra trois albums et le T.6 d’ApocalypseMania s’appellera Les Lois du hasard. Il se déroule principalement à Versailles, au xviiie siècle… de quoi boucler la boucle par rapport aux trois premières pages du T1 ! Je te (vous) promets qu’il y a encore largement de quoi s’éclater !

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