Rendez-vous à Berlin avec Marvano

Par l'équipe Dargaud

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Avec Deux enfants de roi se conclut le triptyque que Marvano a consacré à Berlin. Plus qu’une illustration instructive des soixante dernières années d’une ville marquée par l’Histoire, c’est une réflexion sur notre passé, notre présent et notre avenir que nous propose l’auteur…


Pourquoi vous êtes-vous attelé à retracer le passé récent de la capitale allemande ?

 Berlin a été un lieu clé de notre Histoire contemporaine. C’est de là que sont issus 90 % des problèmes auxquels nous sommes encore confrontés. J’ai cru intéressant de montrer au jeune public qu’il y a toujours des causes et des conséquences à toute chose. Je voulais aussi expliquer que les motifs de situations actuelles sont généralement plus anciens qu’on ne l’imagine ordinairement. On oublie maintenant tellement vite, même des événements relativement récents ! Je ne suis pas sûr que beaucoup d’adolescents savent qu’il y a moins de vingt ans, un mur infranchissable coupait Berlin en deux. Je trouve cela inquiétant car faire abstraction du passé, c’est se condamner à renouveler sans cesse les mêmes graves erreurs. S’ils veulent résoudre les problèmes, les gens doivent d’abord prendre conscience de ce qui les crée.


Faut-il remonter à la chute de Berlin en 1945 pour comprendre le marasme dans lequel le monde actuel se débat ?

 Les répercussions d’un événement sur d’autres que nous avons vécus ou que nous vivons ne sont pas toujours immédiatement perceptibles. Pour appréhender valablement les choses, il faut les considérer avec un certain recul. Il faut observer une distance de quelques années pour véritablement comprendre quelles machinations ont abouti aux conséquences que nous savons. Sans l’invasion par les États-Unis de la baie des Cochons à Cuba, pas de mur de Berlin en 1961. Sans le mur de Berlin, pas d’implantation de missiles nucléaires soviétiques à Cuba en 1962. Sans l’implantation de missiles nucléaires soviétiques à Cuba, pas d’assassinat du président américain Kennedy en 1963, etc. Tout est étroitement lié.


Nous qui avons été imprégnés d’une vision occidentale de la guerre froide et de ses suites, pouvons-nous revisiter les faits objectivement ?

 Le problème aujourd’hui, c’est que l’objectivité n’est plus politiquement correcte. On peut bien sûr dire que l’Allemagne a été un fléau pour le monde entier, mais il est maintenant malvenu de le déclarer ouvertement. À mon avis, il y a une nette différence entre l’objectivité actuellement permise dans notre société et l’objectivité vraie qui n’est pas toujours politiquement correcte.


Berlin est une fiction basée sur des événements authentiques, mais avez-vous interprété certains faits en fonction de cette fiction ?

 Tous les faits relatés sont exacts et vérifiés. Seuls mes personnages sont fictifs. Quand, par exemple, je dis qu’en 1961 les Anglais ont livré à la RDA les barbelés qui allaient servir à bloquer les accès entre les deux Berlin, c’est une vérité. Cela démontre que les Occidentaux savaient que quelque chose se préparait. Le fait qu’ils n’aient pas réagi la nuit du 13 août 1961, où les Allemands de l’Est érigèrent le mur, prouve que les centres de pouvoir à l’Ouest n’étaient pas surpris. Ce n’est pas une interprétation des faits qui m’est personnelle : ce sont des réalités que tout le monde s’accorde maintenant à admettre.


La fin très ouverte de l’épilogue du tome 3 qui paraît actuellement laisserait-elle présager un possible prolongement ?

 Non. Mon histoire se termine en 2008. Certains des protagonistes qui l’ont vécue sont toujours vivants et poursuivent quelque part leur vie. C’est à eux qu’appartient la suite. Une histoire ne se termine jamais parce qu’il y a toujours des descendants qui portent un héritage auquel ils n’échappent pas. Cela vaut pour un individu, cela vaut pour une société, cela vaut pour le monde entier. Mais, pour moi, s’il n’y a pas de suite à ce troisième album, j’envisage de persévérer dans cette voie-là. Je voudrais un peu retracer ma propre histoire, savoir d’où je viens, comment était le monde alors. Je voudrais comprendre ce que j’ai vécu. Je sais que dans mon passé, il y a des solutions pour le présent. Je les cherche et j’aimerais que les autres les cherchent également.


Jean-Louis Lechat

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