La quête de Loisel & Le Tendre

Par l'équipe Dargaud

Un des événements du salon d’Angoulême présidé cette année par Régis Loisel, sera la parution d’un ouvrage hors série consacré à La Quête de l’oiseau du temps. Plus qu’à une monographie classique, nous avons à faire ici à une véritable enquête, menée sous forme d’entretiens “polyphoniques” avec Serge Le Tendre et Régis Loisel mais aussi avec une pléiade de guest-stars ayant toutes approché, de près ou de loin, le “mythe”. Mais laissons les auteurs du livre nous présenter leur travail.


La Quête ?



Nous sommes tombés dedans quand nous étions petits… En 1983, lors de la sortie du premier album pour l’un ; en 1988, en pleine explosion de la bombe anatomique Pélisse, pour l’autre. Dans ces conditions, lorsque Loisel et Le Tendre nous ont choisis pour mener l’enquête, il était évident que nous devions le faire en pensant aux lecteurs que nous étions ; des lecteurs émerveillés de pouvoir entrer dans la petite histoire par la grande porte. On sait que Serge Le Tendre et Régis Loisel adorent raconter des histoires. L’occasion de leur faire relater la leur était donc toute trouvée : derrière l’aventure épique, s’est dessinée peu à peu, sous nos yeux, une magnifique aventure humaine. Et puis, tant qu’on y était : pourquoi ne pas demander à leurs camarades et confrères de nous parler d’eux, de La Quête et de l’époque où elle a vu le jour ?



Tout a commencé en 1973, le jour où Serge et Régis se sont croisés sur les bancs de la fac de Vincennes à une période où la BD était en pleine effervescence et où de nouveaux auteurs émergeaient sans cesse dans les pages d’une presse foisonnante. Acteurs de cette mini-révolution, ils en étaient forcément des témoins privilégiés. Qui étaient-ils ? Quels étaient leurs rêves ? Leurs influences ? À quelles expériences s’étaient-ils frottés ?… Comment avaient-ils eu l’idée de créer Bragon, Pélisse, Mara, L’inconnu, Le Rige ? Comment se vit une telle réussite ? Et la suite de La Quête, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? Autant de questions que nous leur avons posées et auxquelles, grand bonheur, ils ont répondu avec une magnifique sincérité, sans fausse pudeur ni complaisance.



À entendre tout ce qu’ils nous ont raconté, on pourrait même dire qu’ils y ont pris du plaisir, les bougres ! Si la mémoire de Le Tendre est apparue un peu trouée aux mites, Loisel était là pour lui raccommoder les souvenirs. Il fallait les voir, l’un et l’autre, revenir sur leur vingt ans : “Tu ne te souviens pas de ça, Serge ?”… “Non tu te trompes, c’était pas comme ça”… Leurs rires et leurs yeux malicieux pétillaient de complicité ; souvenirs d’une période un peu floue où “Serge fournissait tout Paris en marijuana” (!), où il chapardait, comme le dénonce son gentil camarade : “il piquait des gros bouquins chez un libraire boulevard Saint-Michel…”Nous avons exhumé également quelques épisodes épiques du parcours de Loisel qui nous apprend comment Patrick Cothias et Olivier Taffin ont été ses deux meilleurs rabatteurs de filles. “Je portais toujours l’estocade avant qu’ils n’attaquent !”



Le temps d’un autre chapitre, nous avons revisité le fameux atelier Bergame, sorte de bateau-lavoir de la BD, où Loisel mais aussi Rouge, Taffin, Lacaf et quelques autres se tenaient chaud durant les périodes de vaches maigres. Extraordinaire lieu d’échanges pour tous ceux qui l’ont fréquenté, en sociétaires ou en visiteurs, de Loisel à Le Tendre, en passant par Juillard, Vicomte, Cabanes, Cothias, Makyo, Gabrion, Luguy et tant d’autres… “On était tous à la même enseigne et on refaisait le monde à travers nos envies et nos recherches.



C’était une vraie source d’émulation.” Gabrion nous a raconté comment il a appris son métier auprès du Grand Loisel, comme il dit, et comment ses conseils résonnent encore en lui aujourd’hui. “Tu fais ce que tu peux mais tu ne triches pas.” Serait-ce une part de votre secret, monsieur Loisel ? Quant à Le Tendre, il se rappelait très clairement s’être dit qu’à 30 ans, s’il n’avait pas percé dans le métier, alors il arrêterait.



Grand bien lui a pris de n’en rien faire ! Et La Quête dans tout ça ? Elle est là, tout le temps, en filigrane, indissociable de la vie de nos deux compères. Michel Rouge se souvenait pour sa part n’avoir jamais connu Serge sans son scénario sous le bras. Il nous a racontés ce mauvais jour où il l’oublia même dans le métro, au fond d’une vieille sacoche. Et Makyo d’ajouter : “On avait l’impression que cette série était un peu maudite, qu’ils n’en feraient jamais rien.” Comme on peut se tromper parfois… C’est tout un pan de l’histoire de la BD qui a défilé sous nos yeux, au travers de ces petites histoires.



De la naissance du concept dans l’esprit de Serge jusqu’à la première publication dans Imagine, la revue de Rodolphe. Nous avons découvert, stupéfaits, qu’à la suite d’un accident de parcours dans leur amitié, ce n’est pas Régis mais Michel Rouge qui faillit dessiner La Quête. Quelques planches d’essai, dont nous avons retrouvé la trace, avaient même été réalisées… Et puis, un à un, nous avons feuilleté chaque album avec Serge et Régis qui ont nous livrés, au fil des pages, leurs impressions, leurs souvenirs, leurs tracas du moment…



Et pour que ce livre soit véritablement complet, l’Ami Lidwine – comme ils aiment l’appeler – a accepté de parler de son expérience de coauteur de l’Ami Javin, pour la toute dernière fois. Par amitié, parce qu’il fait tout par amitié … Il est même revenu sur certaines de ses illustrations, confirmant ainsi sa réputation d’éternel perfectionniste. Pour que notre livre soit encore plus beau. Merci Lidwine.



Le récit de l’histoire de La Quête par ses deux auteurs est passionnant et le devient encore plus, enrichi du regard et de l’analyse de leurs camarades. Le casting est long et prestigieux. De Giraud à Carlos Nine, en passant par Hermann, Moliterni, Lencot et Quillici, Mézières, Dieter, Arleston et Tarquin, Rodolphe, Guarnido, Wendling, Lauffray, Mandryka, Juillard, Dorison, Crisse… 44 auteurs, éditeurs et coloristes en tout.



Certains ont même choisi de rendre hommage à La Quête par un dessin. Et parce qu’Hermann avait décidé de reproduire à sa manière la composition de la couverture de La Conque de Ramor, l’envie nous est venue de demander à d’autres d’en faire de même pour les titres suivants… Les résultats sont surprenants et magnifiques.



Le souhait de Loisel et Le Tendre à propos de ce livre était aussi de faire la part belle aux images. Ils nous ont donc ouvert les portes de leurs archives, et nous y avons découvert des documents étonnants. Nous avons même tiré de tout cet amas de papiers un dessin exceptionnel. Non, le mot n’est pas exagéré.



En effet, par pur hasard, nous sommes tombés sur un crayonné un peu flou, au dos d’un beau croquis… et ce dessin, devinez ce qu’il représentait ? Vous l’avez tous rêvé ainsi… Eh oui, il s’agit de Pélisse dévoilant enfin sa poitrine généreuse.



Loisel se l’était dessinée il y a quelques années et c’est avec enthousiasme qu’il a accepté, non moins généreusement, de déroger à ses principes et de nous laisser le publier. Alors, un peu par vice, nous l’avons pudiquement camouflée dans les pages de ce livre ! Elle se mérite, à vous de jouer.



Au total, ce sont donc 188 pages que vont découvrir en même temps que vous, Serge et Régis. Ils ont, en effet, accepté que nous leur fassions la surprise du résultat, comme un cadeau en remerciement des merveilleux moments de lectures qu’ils nous ont offerts. Vous serez donc un peu à leurs côtés lorsque vous feuilletterez l’objet. Petits veinards ! Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault.

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