Héros black, polar noir

Par l'équipe Dargaud

L’arrivée de Sylvain Savoia et Jean-David Morvan chez Dargaud risque d’être remarquée. Au rythme annoncé d’un album tous les huit mois, la série Al’Togo renoue avec la veine feuilletonesque, typiquement BD avant que d’avoir été piquée par la télé…


Morvan : "Nous avons conçu Al’Togo comme une vraie série, c’est-à-dire avec des personnages récurrents qui vivent des aventures pouvant être lues séparément, album après album. Mais il y a un fil rouge, qui traverse la série : la découverte progressive du passé des personnages principaux, Albertus M’Natogo, un Français black, et Judith Van Ooveren, une riche Hollandaise, tous deux engagés dans l’Euro-police". Préfiguration d’un FBI européen ? "Nous avons voulu placer l’action de la série dans le courant des années 2010, afin de mieux mettre en lumière tous les travers qui sont en train de naître sous nos yeux ou auxquels nous avons adhéré sans trop le vouloir et sans penser aux conséquences lointaines. L’Euro-police, quant à elle, a été créée par les hautes instances européennes afin d’offrir une plus grande mobilité transfrontalière contre la criminalité qui se joue des frontières, alors que les polices nationales sont confinées à leurs territoires."


297 km, le premier volet de la série Al’Togo, c’est l’histoire d’une cavale, partie de Bilbao et qui devrait aboutir en Suède. Sujet de la course-poursuite, Sver Roslin, ministre suédois de la Culture. Il veut récupérer à tout prix ses deux fillettes, restées chez leur mère par décision du juge des divorces. Dire que Sver est prêt à tout relève de la litote, puisqu’il aurait peut-être bien étranglé son ex-épouse pour lui soustraire leurs jeunes enfants. Al’Togo croise la route du rapteur. S’engage une équipée autant policière (les robocops sont devenus denrée commune, en 2010 !) que psychologique, puisqu’Al’Togo va prendre les commandes de la voiture censée emporter le père et ses filles vers Amsterdam, puis par mer, jusqu’à Stockholm. "Depuis que nous avons fait connaissance, Jean-David et moi-même, en 1985, raconte Sylvain Savoia, nous avons exploré pas mal d’univers, comme le western décalé (Reflets perdus) puis la saga Nomad (chez Glénat), où sur fond d’espionnage militaire nous présentions une société livrée aux confrontations ethniques et à la technologie cyber. Avec Al’Togo, nous utilisons les bonnes vieilles recettes du polar, c’est-à-dire, l’action, la narration claire et précise, mais nous y ajoutons beaucoup de zones d’ombre. Comme la personnalité d’Al’Togo, qui se dévoilera au gré des albums. De même que celle de sa collègue Judith, avec laquelle l’évolution de leurs relations va devenir un véritable suspense parallèle à l’action principale de chaque album !" C’est vrai que, mine de rien, le premier volume de la série Al’Togo pose les questions essentielles de la société post-moderne : l’identité de l’individu, ses racines de plus en plus floues, l’absence de noyau familial, la déstructuration de l’être en tant qu’acteur du genre humain, les difficultés relationnelles homme/femme… Il y a toujours de (bonnes) surprises dans les (bons) polars. Et celui de Morvan et Savoia accède d’emblée à cette catégorie. Alain De Kuyssche

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